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Avec le peu que j'aimerais

Le plus que je sentirais

Le moins que j'aurais

Le peu que je pourrais

Le bon que je demanderais

Le rien que je ne voudrais

Avec tous ces dons

Je construirais un semblant

De quelque chose

Qui nous donnera l'illusion

De bâtir l'avenir.

Il pensait ne pas faire grand chose

Et....................

Il a fait quelque chose.

Je voudrais bien reconstruire

L'image que j'ai déchirée.

Lorsque je recolle les morceaux

C'est décalé, ça tombe pas juste.

Et puis certains bouts

Se sont envolés je ne sais où.

Le vent du temps les a emportés.

Il y a des trous:

Des trous de mémoire ,

Des trous de mites ,des trous plein de vide,

Des trous du cul, des trous tout courts.

Tous ces trous prouvent

Que j'ai bien creusé pour trouver.

Mais l'image s'est envolée.

Et dissoue dans l'air du temps.

Il me reste à parcourir

Tous les sillons et les crevasses

Que le présent aidé du passé

A tracé sur ma face

Sculptée de vagues dégoulinantes.

Je reconstruis sur ces ravages

Et j'apprends à les aimer.

Je suis une autre de corps

Et d'esprit aussi.

Hier je voulais atteindre le ciel

j'ai grandi.

Aujourd'hui la terre me paraît plus belle

je vieillis.

J'ai presque tourné la page.

Il me reste quelques chapitres à vivre.

Pas une ligne je n'éviterais.

Toutes je les tracerais.

De la majuscule au point

je vivrais pour aller encore loin.

Il faisait noir , je ne disais rien

Au milieu de la pièce

Juste je respirais.

Un souffle grave , sourd et régulier.

Pour me faire voir j'ai murmuré

Des grossièretés immondes ,

Crié des mots puants,

Atroces, à vomir.

Vomir la petit fille sage

Qui juste respirait dans le noir

De la pièce vide et glacée.

Par terre comme une poupée cassée

Les bras disloqués, les cheveux emmêlés

Le visage défiguré ,tétanisé .

Les yeux exorbités, les lèvres coupées,

La langue meurtrie par les dents aiguisées ,

La bave abondante mêlée à la morve coulante.

Un tableau d'horreur séquestré

Dans une geôle capitonnée.

La clef est perdue au fond d'un gouffre.

La porte de déraison grince et souffre.

La serrure laisse passer un fil courant d'air,

Vers le dehors de cette maison,

D'un infime espoir de guérison.

Une guérison qui tient au fil de la raison.

Comme pour me protéger de ceux

Qui ne me comprendront jamais

Elle s'est fabriqué

Un langage à double sens

Me comprendre une fois ,deux fois ,sans fois.

Elle donne le choix à qui la lit

De traduire la queue leu leu

De ses mots à deux sens

A l'endroit, à l'envers.

De travers ou de guingois.

Toi tu ris,

L'autre pleure,

Parfois se fâche.

Je me régale de cette diversité

Qu'un même mot peut déclencher.

Elle s'amuse et empire l'effet.

Jusqu'à faire lire l'inverse

De ce que j' écris.

Jamais elle ne réussit à transcrire

Ce que je veux dire.

Je suis seule à savoir.

Elle a deux sens.

Elle est moi

Je suis elle.

Parfois je l'aime

 Elle m'ignore.

Les autres tentent de comprendre ce qu'il reste.

Quelques mots de mauvaise façon

Qui tentent de faire passer

Que ma raison n'est pas sa raison.

avec ma gueule